Rappel de cette promesse
En mai 1688, sainte Marguerite-Marie, la confidente du Sacré-Coeur, recevait une promesse de Jésus qu'elle transcrit ainsi :
"Un jour de vendredi, pendant la sainte communion, Il (le Sauveur) dit ces paroles à son indigne esclave, si elle ne se trompe : Je te promets, dans l’excessive miséricorde de mon Cœur, que son amour tout-puissant accordera à tous ceux qui communieront neuf premiers vendredis du mois tout de suite, la grâce finale de la pénitence ; ils ne mourront point en sa disgrâce, ni sans recevoir les sacrements, mon divin Cœur se rendant leur asile assuré en ce dernier moment."
Devant une telle promesse on serait tenté de dire "c'est trop beau pour être vrai" et de remettre en cause son authenticité ou son autorité. Regardons d'un peu plus prêt ce qu'il en est.
La réserve de sainte Marguerite-Marie
La certitude que ce texte a été écrit par la sainte ne fait aucun doute. Le texte original a été perdu ; mais nous possédons plusieurs transcriptions qui sont absolument concordantes dans l'essentiel avec simplement des variantes de détails.
Dans ce texte il y a une phrase "si elle ne se trompe" qui donne le sentiment que la sainte elle-même met en doute la réalité de cette promesse. Si le témoin directe n'est pas sûre elle-même, cela ne sert à rien d'aller plus loin dans l'examen. A quoi bon de s'intéresser à un texte reconnu douteux par l'auteur elle-même ?
L'obéissance de la sainte à ces supérieures
Mais cette atténuation n'est qu’apparente. Elle ne démontre aucune hésitation de la Sainte, mais sa parfaite obéissance. Sa Supérieure, la Mère de Greyfié, nous apprend dans un mémoire écrit en décembre 1690, deux mois avant la mort de la Sainte, qu’elle lui avait donné pour direction « de ne point parler des grâces extraordinaires qu’elle recevait, qu’en termes douteux, comme il me semble, ou il m’a semblé, ou, si je ne me trompe; et de ne s’y point fier avec tant de fermeté qu’elle ne fût prête à s’en départir, sous le jugement des personnes qui lui seraient supérieures ou qui auraient droit d’en faire examen.. Elle m’a paru, ajouta-t-elle, toujours très fidèle à cet avis. »
Voilà qui est clair ; nous pouvons donc lire le texte en supprimant ces restrictions, et tenir pour acquis que la sainte affirme le fait de la Grande Promesse aussi formellement que les autres révélations du Sacré Cœur.
Valeur du témoignage à propos de cette promesse du Sacré Coeur
Mais quel crédit , quelle autorité faut-il donner à cette promesse ?
Evidemment il ne faut pas donné une adhésion de foi divine à cette promesse, car elle relève des révélations particulières, dont l'autorité dépend de cette assurance morale que fait naître le récit d’un témoin digne de foi ; cette simple adhésion que nous accordons à des probabilités sérieuses qui ne sont infirmées par aucune raison contraire. Le caractère du Saint, sa réserve habituelle, les examens auxquels ses communications furent soumises renforcent la valeur de son témoignage. La netteté, la précision de la formule prévient le danger des altérations qui vicient parfois la traduction humaine d’une vision d'en haut. Le rôle providentiel surtout, échu dans l’Église à certaines révélations, l’heureuse influence exercée par elles, sont une excellente confirmation de leur réalité.
Raisons en faveur de l'authenticité des révélations faites à sainte Marguerite-Marie
Aucun catholique ne révoque en doute la mission confiée par Notre-Seigneur à Sainte Marguerite-Marie d’appeler l’attention du monde chrétien sur les trésors cachés dans son divin Cœur. Toute l’histoire de cette dévotion, les contrariétés qu’elle eut à subir de la part de l’hérésie, puis le spectacle extraordinaire de sa diffusion et de ses fruits, les approbations authentiques qu’elle reçut de l’Église, l’initiative prise par S. S. Léon XIII d’une consécration générale du monde au Sacré Cœur, et enfin l’impulsion définitive qui entraîne la catholicité entière vers ce centre d’amour, prouvent à la fois le bon plaisir que Dieu prend à ce culte et l’authenticité des révélations qui on furent l’occasion.
Le cas des promesses faites par le Sacré Coeur Paray-le-Monial
Or, les douze promesses font partie de ces révélations; elles sont pour la dévotion au Sacré Cœur un attrait de plus et un stimulant capable de supprimer les dernières hésitations. « Afin d’augmenter l’empressement des hommes à correspondre aux vœux si surprenants et si ardents de son amour, Jésus les invite, les attire tous à soi, par l’espoir de promesses magnifiques. » Ainsi s’exprime le pape Léon XIII, dans la Constitution Benignae, du 28 juin 1889. On sait d’ailleurs quelle lenteur mit la Sainte à assumer une mission dont elle s’estimait indigne; avec quelle humble docilité, elle accepta la direction de ses Supérieures et le contrôle de plusieurs hommes éminents en doctrine et en sainteté.
N’avons-nous pas là les meilleures raisons d’adhérer avec une simple confiance à la vérité de ces promesses prises dans leur ensemble ?
Parmi les douze promesses, la Grande Promesse du Sacré Coeur
Parmi celles-ci, nulle n’est nette et précise comme la Grande Promesse du Sacré Cœur. Lors du procès de béatification, elle a été soumise au jugement des théologiens romains. Elle apparaît encore spécialement liée à la dévotion des premiers vendredis, qui a reçu du Saint-Père de si beaux privilèges et de si hautes recommandations.
Si donc la magnificence du privilège peut nous rendre plus difficiles, la valeur du témoignage répond à la grandeur de l'objet.
La promesse a les titres voulus pour être admise par nous, non pas comme une vérité absolument irréfragable, mais comme un de ces faits moralement établis, que l’esprit accepte sans anxiété et sans doute positif.
D’ailleurs, toute insistance est superflue, puisque le texte de la Grande Promesse a été intégralement inséré dans la Bulle de canonisation de sainte Marguerite-Marie.
Si l'authenticité de cette Grande Promesse du Sacré Coeur ne fait aucun doute, dans un prochain article nous essaierons de cerner la signification exacte de celle-ci.