A l'origine, les différentes bénédictions des scapulaires étaient réservée aux confréries ou aux ordres religieux auxquels le scapulaire appartenait. Elles faisaient partie de l'ensemble des bénédictions appelées réservées ; d'autres bénédictions étaient réservées aussi, comme la médaille de saint Benoît. Si un prêtre séculier désirait utiliser ces bénédictions, il devait auparavant en demander la permission. Mais cet état de chose a évolué :désormais pour la plupart des scapulaires n'importe quel prêtre peut les bénir et les imposer ; le nombre des bénédictions réservées a considérablement diminué. Quel est le fondement juridique ou canonique de ce changement ?
Suppression quasi totale de la réservation des bénédictions
Le concile Vatican II, qui s'est ouvert en 1963, a commencé ses travaux par la liturgie et le 4 décembre 1963 Paul VI a promulgué solennellement la constitution "Sacrosanctum consilium" consacrée à la liturgie.
Pour faire suite à ce texte conciliaire, la congrégation des sacrements publia une instruction pour une bonne interprétation des textes et application des réformes demandées par le concile. La congrégation estimait que les changements qui ne dépendaient pas des nouveaux livres liturgiques, pouvaient se faire dès lors. Ainsi ce document, daté du 26 septembre 1964, contient un chapitre consacré aux sacramentaux dont un des paragraphes nous intéresse particulièrement ; voici la traduction :
Les bénédictions encore maintenant réservées qui sont contenues dans le rituel romain (tit. IX, cap. 9, 10 et 11) peuvent être employées par tout prêtre, exceptées les bénédictions :
- de cloches pour une église ou un oratoire (cap. 9, n. 11)
- de la première pierre d'une église (cap. 9, n. 16) ou d'un oratoire public (cap. 9, n. 17),
- de l'antimentium (linge sacré qui remplace la pierre d'autel dans les pays de mission ; cap, 9, n. 21)
- d'un nouveau cimetière (cap, 9, n. 22).
Sont encore réservées aussi les bénédictions papales (cap. 10, nn. 1-3), la bénédiction et l'érection des stations d'un chemin de croix (cap. 11, n. 1) en tant qu'elle est réservée à l'évêque.
Nous n'allons pas énumérer tous les bénédictions autrefois réservées car il y en a pas loin d'une centaine, mais nous arrêterons aux bénédictions des scapulaires.
Qu'est-ce que le rituel romain ?
C'est un livre liturgique à l'usage des prêtres dans lequel se trouvent toutes les indications et normes pour la célébration des sacrement, des sacramentaux et autres cérémonies liturgiques.
Contenu du rituel romain
Il est divisé en douze titres :
- le premier titre aborde des considérations générales sur l'administration des sacrements.
- les titres 2 à 8 traitent des sacrements sauf du sacrement de l'ordre, car comme seul l'évêque peut administrer ce sacrement, toutes les normes sont expliquées dans le rituel réservé aux évêques appelé le pontifical.
Voici les différents titres du rituel romain tels qu'on les trouve dans l'édition de 1957 :
- titre 1 : recommandations générales pour l''administration des sacrements
- titre 2 : le sacrement de baptême ;
- titre 3 : le sacrement de confirmation ;
- titre 4 : le sacrement de pénitence ;
- titre 5 : le sacrement de l'Eucharistie ;
- titre 6 : le sacrement de l'extrême onction ;
- titre 7 : les obsèques ;
- titre 8 : le sacrement de mariage ;
- titre 9 : des bénédictions ;
- titre 10 : des processions ;
- titre 11 : des litanies approuvées ;
- titre 12 : de l'exorcisme ;
- appendice au rituel romain.
Titre 9 des bénédictions
Ce titre nous intéresse particulièrement car il contient les bénédictions réservées ; il comprend onze chapitres :
- ch. 1 : règles générales des bénédictions ;
- ch. 2 : ordre à suivre pour confectionner l'eau bénite ;
- ch. 3 : bénédictions spécifiques à certains jour de l'année ;
- ch. 4 : bénédictions en faveur de certaines personnes ;
- ch. 5 : bénédictions des animaux ;
- ch. 6 : bénédictions des maisons et de lieux ;
- ch. 7 : bénédictions de la nourriture et des boissons ;
- ch. 8 : bénédictions de diverses choses destinées à un usage humain ou sacré ;
- ch. 9 : bénédictions réservées aux évêques, autres ordinaires et aussi aux prêtres munis d'une faculté spéciale ;
- ch. 10 : bénédictions devant être faites par les prêtres ayant un indult apostolique, ;
- ch. 11 : bénédictions propres à quelques ordres religieux ou congrégations religieuses.
Au total, cela fait 198 bénédictions contenues dans les chapitres 3 à 11.
D'après les titres des chapitres, nous pouvons voir que les bénédictions des chapitres 3 à 8, pouvaient déjà être utilisées par tout prêtre.
Par contre, les titres des ch. 9,10 et 11 montrent clairement que l'usage de ces bénédictions était limitée aux ecclésiastiques qui ont les facultés nécessaires. C'est justement cette limitation qui a été supprimée, sauf pour quelques bénédictions selon ce qui est indiqué plus haut.
Le ch. 11, qui contient 53 bénédictions, nous intéresse tout particulièrement car c'est dans celui-ci que se trouvent toutes les bénédictions des scapulaires, de la médaille de saint Benoît, de la médaille miraculeuse et autre sacramentaux. Depuis cette instruction qui en du 26 septembre 1964, tout prêtre peut utiliser ces bénédictions avec les réserves mentionnées plus haut.
Après le Concile et dans la suite de la réforme liturgique, le rituel des bénédictions a été révisé et une nouvelle édition a été publiée et les modifications apportées ont été dans le sens de la simplification. Ainsi, ce rituel ne présente qu'une bénédiction pour les scapulaires.
Cependant, il est tout à fait possible d'utiliser le rituel romain qui date d'avant le Concile. A l'abbaye nous utilisons cet ancien rituel romain pour bénir les objets religieux.