Dans les articles précédents nous avons parlé des différents personnages du panneau central inférieur. Mais les élus ne se limitent pas aux apôtres, aux saints prélats, aux martyrs ou aux vierges ; la grâce de Dieu coule à flot sur le monde entier : le Christ a versé son sang pour tous les hommes, n'en déplaise aux jansénistes.
Les chevaliers du polyptyque
Ainsi sur le panneau gauche en bas, nous voyons des laïcs, civils, ou plus précisément des juges, et militaires ; et à droite sont représentés ceux qui on suivi le Christ de plus prêt : les saints ermites et les pèlerins. Les chevaliers sont à cheval, ce qui après tout est normal, mais aussi les juges. A l'arrière plan du panneau des chevaliers ont peu repérer un âne, noble animal puisqu'il a eu le privilège de porter deux fois le Sauveur : durant la fuite en Egypte et lors de son entrée triomphale à Jérusalem : au début et à la fin de la vie de Jésus.
Certains se sont évertués à identifier les personnages. Au fond du tableau des soldats on distingue trois rois. Mais ce ne sont que des conjectures ; il est en est de même pour l'identification des juges. Le principal n'est pas de savoir qui sont ces personnages mais que nous soyons un jour parmi les élus. Soyons vigilants car nul ne sait s'il est digne d'amour ou de haine.
Les hommes de loi du retable de l'Agneau Mystique
Ce panneau des Juges n'est plus de Van Eyck : l'original a été volé en 1934 et remplacé par une copie. Mais comment sait-on qu'il est conforme à l'original puisque le peintre qui l'a réalisé ne l'avait pas sous les yeux et pour cause ? Il faut supposer que devaient déjà exister des photos ou des copies qui ont permis ce travail de reconstitution. chose étonnante, sur ce panneau qui a été volé, un grand nombre de critiques d'art qui se sont intéressés au polyptyque de l'Agneau mystique, affirment que les frères van Eyck s'étaient représentés. Certains affirment même que le juge qui se trouve au quatrième plan et nous regarde serait Jean van Eyck. Une des raisons alléguées pour cette identification est que ce personnage ressemble étonnamment à "l'homme au chaperon rouge", oeuvre réalisée par ce même Jean van Eyck et que l'on considère comme un autoportrait.
Les ermites de l'Agneau Mystique
En vis à vis, le panneau droit représente les ermites et les pèlerins.
Les ermites, qui ont vraiment tout quitté pour suivre le Christ de plus prêt, paraissent d'un autre âge, d'une autre époque avec leur longue barbe et leur longue chevelure. Ils sont là parce qu'ils ont servi Dieu dans le silence de la solitude. Celui au premier plan est identifié avec saint Antoine le Grand, le Père des moines. A ces cotés probablement saint Paul Ermite qui lui est souvent adjoint. Deux femmes sont visibles à l'arrière plan. L'une avec un flacon dans les mains pourrait être sainte Marie-Madeleine, l'autre Marie l'Egyptienne, autre grande pécheresse qui se convertit et mena une vie de pénitence au désert pendant 47 ans. Sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus en parle dans ses écrits.
Le rocher en arrière plan rappelle les grottes inaccessibles où ces ermites passaient leurs journées en prière à l'abri du regard des hommes et de la curiosité du monde.
Les pèlerins de Dieu du polyptyque
Sur le panneau, le grand homme au manteau rouge qui ne passe pas inaperçu, est identifié à saint Christophe qui avait, selon la tradition, la taille d'un géant. du geste de la main il guide les pèlerins vers l'Agneau mystique, le Christ Sauveur, que ce saint a porté sur ses épaules sans le savoir. Prêt de saint Christophe se trouve un pèlerin qui porte sur son chapeau la coquille de saint Jacques de Compostelle, le grand pèlerinage du Moyen Âge. A côté un autre médaillon est visible : la médaille de Jérusalem. Sur sa poitrine on peut deviner une "sainte Véronique", c'est-à-dire, la face souffrante du Christ qui symbole le pèlerinage à Rome, car à cette époque, le voile de Véronique qui se trouvait dans la ville éternelle, était très vénéré ; et nombreux sont ceux qui faisaient ce pèlerinage pour vénérer ce voile dont le souvenir nous a été gardé par la 6ème station du Chemin de Croix.
Au dernier plan des pèlerins notons un visage souriant. Comment interpréter ce sourire, unique dans le tableau, qui semble déplacé face à la scène grandiose de l'Agneau immolé ? Est-ce pour signifier discrètement la joie intérieure qui habite le coeur des pèlerins dans l'Espérance d'arriver à la béatitude éternelle ? En fin de compte cet Agneau immolé est vivant, il a triomphé de la mort et nous a délivré de la la mort éternelle, pourquoi alors ne pas être dans une allégresse continuelle ?