Le Crucifix et la croix sont deux objets religieux essentiels de l'art chrétien : sans croix, une église catholique serait une aberration. Les maisons de fervents catholiques ont pratiquement des crucifix dans toutes les pièces. A un titre plus personnel, la croix est aussi devenu une bijoux porté autour du coup comme pendentif. Qui n'a pas eu comme cadeau de communion ou de profession de foi une croix ou un crucifix mural ?
Mais qu’en était-il au début du christianisme ?
Le supplice de la crucifixion
Au début de l'ère chrétienne, le supplice de la crucifixion était bien connu ; il était considéré comme le plus cruel de tous. La mort sur la croix était la peine la plus avilissante, un châtiment ignominieux. Ainsi pour des catéchumènes, être Dieu et être crucifié semblait une contradiction. Pour certains, c'était un obstacle formidable à se faire chrétiens, que seule la grâce de Dieu et non le raisonnement pouvait aider à surmonter. Seuls, les chrétiens instruits et soumis parvenaient à reconnaître, dans cette contradiction apparente, le mystère de la rédemption des hommes.
La croix, une pierre d'achoppement
Dans ce contexte, on comprend certaines hérésies qui affirmaient que le Christ n'avait pris qu'une apparence humaine pour échapper à cette contradiction et au scandale de la croix.
Le supplice de la croix, n'est pas seulement l'un des plus douloureux, il est aussi le plus dégradant, le plus humiliant réservé aux esclaves, à la racaille. Cette manière barbare de châtier les hommes resta en vigueur jusqu'à la moitié du IVème siècle.
Le crucifix sur une cornaline
De ces considérations à propos du caractère infamant et cruel du supplice de la croix, on en a conclut que les premières générations chrétiennes se sont interdit la représentation de la croix et du crucifix. Mais la réalité n'est pas si tranchée que cela parce que l'archéologie témoigne en faveur d'un usage très ancien de la représentation de la croix ou du crucifix.
Ainsi sur deux pierres de cornaline, l'une datant du IIème et l'autre du IIIème, nous trouvons le Christ représenté en croix.
La croix dans les catacombes
Les catacombes offrent un témoignage intéressant concernant la croix et le crucifix car ceux-ci datent nécessairement d'avant la paix constantinienne (313), donc à une époque où la crucifixion se pratiquait encore. Or, si dans les catacombes la représentation de la croix est rare, elle n'est pas exceptionnelle. On en compte une vingtaine. Ces croix se trouvent sur des tuiles, des plaques de marbre fermant une sépulture. Certaines sont datées du IIème d'autres du IIIème. Ces croix ont la forme d'une croix grecque, c'est-à-dire, toutes les branches ont la même longueur, ou la forme d'une croix latine, ou encore la croix en forme de Tau, qui est la croix telle qu’elle était employée pour le supplice. Sur cette dernière, n'y a pas la branche supérieure verticale.
Croix et crucifix, un symbole bien présent
Ainsi en conclusion nous pouvons affirmer qu'avant la paix de l'Eglise, la croix et le crucifix ne sont pas inconnus. Sans doute, ces symboles sont rares et ne peuvent entrer en balance avec certains autres, tels que le poisson, le pasteur, la colombe, etc. mais ils ont existé et il ne paraît pas excessif de dire que ces croix et crucifix ont existé plus nombreux peut-être que nous ne sommes portés à le supposer. Les écrits des Pères de l'Eglise ou écrivains ecclésiastiques témoignent en faveur de la représentation de la croix et du crucifix. D'autre part l'usage fréquent du signe de la croix, dont témoigne Origène, est un autre indice de la familiarité des fidèles avec ce symbole et sa figuration. Il n’est pas invraisemblable que ceux qui se plaisaient à multiplier le signe de la croix sur eux-mêmes, et au commencement ou au cours de toutes leurs actions, aient voulu porter une croix sur eux.
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