La croix s'offre partout à nos regards même si c'est moins vrai aujourd'hui qu'autrefois. Croix sur les édifices religieux, crucifix à la croisée des chemins, vieux calvaires de mission à l'entrée du village. Crucifix à l'intérieur des maisons, crucifix comme objet de dévotion ou de protection, croix comme bijou pendentif. Mais souvent en raison de l'habitude, de l'indifférence, de la perte de la foi et du refroidissement de la charité, la croix n'est pas honorée et vénérée comme elle devrait être. Il n'est donc pas inutile de parler du culte que nous lui devons et des principaux enseignements qu'elle nous donne, pour que la croix soit vraiment source de vie et de salut.
La croix, autel du grand Prêtre de la nouvelle Alliance
La croix a été choisie, par l'Agneau de Dieu, pour être l'autel, sur lequel il a offert le suprême et sanglant sacrifice de sa vie. Elle a été, véritablement, l'instrument béni de notre rédemption. Elle a été l'arme, avec laquelle Jésus-Christ a vaincu le démon, avec laquelle nous avons nous-mêmes, en notre Sauveur, triomphé des puissances mauvaises, et reconquis nos droits au Ciel.
Comment serait-il possible que nous ne vénérions pas cette Croix sacrée, qui a été tout arrosée et tout imprégnée du sang divin, et par laquelle nous avons été réellement sauvés ? Et quelle confiance ne devons-nous pas avoir en sa puissance ? Quel respect ne devons-nous pas avoir envers les reliques de la vraie Croix ?
Respecter les images de la croix
Il n'est pas donné à tous, loin de là !, d'avoir une relique de la vraie Croix et de lui rendre le culte spécial qui lui est dû ; mais à la place, il est juste que nous entourions de respect, et d'honneur, même les simples représentations de la Croix, soit les croix sans Christ, soit les crucifix, qui nous rappellent tout ce que Jésus a souffert pour nous.
Dans ce culte rendu à la croix, dans cette vénération rendue au crucifix, il n'y a aucune indécence, ni idolâtrie, ni superstition car par la vénération de la vraie croix et de ses images, nous voulons honorer l'amour incompréhensible de notre divin Sauveur, l'instrument de sa victoire, instrument de notre notre rédemption et de notre salut.
Ainsi ne soyons pas surpris que l'usage du signe de la croix soit d'origine apostolique, même si les premiers chrétiens en firent un usage discret. Mais, quand la victoire de Constantin par la croix assura le triomphe de christianisme, cette prudence n'était plus de mise et les croix se multiplièrent. A partir du Ve s. commencent à apparaître les premiers crucifix.
Quel culte rendre à la croix ?
Le culte que l'on rend à la croix, ne s'adresse qu'indirectement à la personne du Christ, directement il s'adresse à la relique de la Passion, s'il s'agit du culte de la vraie Croix, au mémorial de la Passion, s'il s'agit du crucifix.
Pourtant, il faut bien remarquer qu'il ne s'arrête pas à la croix elle-même. Il va jusqu'au divin Crucifié.
Voilà pourquoi on peut rendre à la croix un culte relatif d'adoration. Voilà pourquoi, le Vendredi Saint, on adore la croix, on fait la génuflexion devant elle. C'est qu'on y adore en définitive, Jésus-Christ. C'est par rapport à Lui, c'est à cause de Lui, qu'on rend des hommages à la croix. Lorsque nous respectons, lorsque nous vénérons la croix, lorsque nous avons confiance dans sa vertu, c'est en définitive le Christ lui-même, que nous respectons, que nous vénérons, c'est en Jésus-Christ que nous avons confiance. Il est donc bien juste que nous ayons envers la croix une véritable dévotion.
La richesse doctrinale de la croix
Il est à souhaiter surtout que nous profitions des enseignements que la croix nous donne.
La croix, le crucifix, le signe de la croix sont l'abrégé du dogme catholique. La personne du Crucifié, Fils unique de Dieu le Père, conçu dans le sein de Marie par l'opération du Saint-Esprit, nous rappelle les deux grands mystères de la Trinité et de l'Incarnation. L'objet de ses souffrances nous instruit du mystère de la Rédemption, et du péché originel.
La croix, le crucifix, le signe de la croix est en même temps le mémorial de la morale chrétienne. La croix ne nous dit-elle pas : "Vous qui êtes du Christ, crucifiez votre chair, avec ses vices et ses concupiscences" ?
Mais il y a trois enseignements sur lesquels on peut s'arrêter un peu plus longuement : la croix nous enseigne la malice du péché, le prix d'une âme et l'amour d'un Dieu.
La malice du péché mise en valeur par la croix
Celui qui est représenté souffrant sur la croix est un Dieu, cette simple considération devrait suffire pour nous faire comprendre la malice du péché, et nous en inspirer l’horreur, la haine la plus vive. Mais le crucifix nous inspire cette haine, plus facilement peut-être, en nous rappelant le nombre, et l’étendue, des souffrances que l’Homme-Dieu a endurées pour expier les crimes de l’humanité ; il remet sous nos yeux tout le drame sanglant du Calvaire.
Nous y voyons Jésus couronné d’épines, et éprouvant les douleurs les plus épouvantables. Les fouets de la flagellation ont déchire ses membres, ses mains et ses pieds sont percés, le sang ruisselle de toutes parts. Il souffre dans son âme les angoisses, les abattements, les délaissements, les tristesses. Pour Lui tout se dresse : le passé, le présent, l’avenir. Les hommes, Dieu, se tournent contre Lui. Les colères divines l’écrasent, comme les malédictions et les ingratitudes humaines. Il souffre ; et toutes les douleurs du monde ne sont rien en comparaison de ses douleurs. Et, pourquoi donc tous ces supplices ? Pourquoi donc des expiations si terribles? « il a été frappé à cause de nos iniquités, il a été broyé à cause de nos crimes ».
Ainsi la croix nous enseigne qu’il n’est rien ici-bas de plus haïssable que le péché. Si nous le comprenions bien, lorsque nous sommes tentés de nous laisser aller au mal, un regard jeté sur le crucifix suffirait à nous arrêter, à nous maintenir dans le devoir.
Le prix d'une âme face à la croix
votre âme vaut un Dieu », a osé dire un Père de l’Eglise. N’y eût-il eu qu’un homme, ayant commis un seul péché mortel, Jésus n’eut pas jugé trop faire que de se livrer : « il m'a aimé et il s'est livré pour moi », nous dit l’Apôtre. « vous avez été achetés à un grand prix »... Oui, ce prix est grand, puisque c’est un Dieu. Sur la croix, Jésus estime notre âme, comme son sang et sa vie.
Après cela, si nous considérons vraiment le crucifix, comment pourrions-nous négliger le soin, le salut de notre âme ? Oui, ici-bas une seule chose est nécessaire. Notre-Seigneur n’a pu se tromper dans son appréciation : il est l’Intelligence même. Pour sauver, pour sanctifier les âmes, rien n’a pu l’arrêter ; pour nous sauver, pour nous sanctifier nous-mêmes toujours davantage, rien non plus ne doit nous arrêter.
Le crucifix nous enseigne l'amour divin pour nous
Partout, autour de nous, en nous-mêmes, nous pouvons admirer des marques de la bonté de Dieu. Cet univers créé pour l’homme, ce corps, cette âme, que nous tenons de la libéralité divine, nous disent bien haut que nous avons été aimés. Mais la croix nous le dit davantage encore.
Elle nous montre un Dieu, donnant plus que ses biens, plus que sa présence, donnant son sang et sa vie, ce qu’il a appelé lui-même le plus grand témoignage d’amour qu’il soit possible de donner.
Il eût pu, à la rigueur, se contenter de s’incarner : un seul de ses soupirs, étant d’un prix infini, eût pu sauver le monde : mais cela ne lui sembla pas assez pour témoigner son amour. Quel est, en effet, le grand signe de l'amour, celui que personne ne peut, ni refuser, ni contester ? C’est le sacrifice. Tant qu’on n’a rien fait de pénible pour quelqu’un, souvent celui-ci peut se demander s’il est aimé, mais, s’il a vu le sacrifice, il ne peut plus douter. Il ne peut pas douter surtout, s’il voit le sacrifice de la vie.
N’en est-il pas ainsi surtout, lorsque cette vie est donnée au milieu des supplices, et des souffrances les plus cruelles? Donner sa vie dans des tortures aussi pénibles que la mort elle-même, n’est-ce pas la donner doublement? Et c’est ce signe, cette preuve, cette marque ineffable d’amour, que nous rappelle le crucifix.
Si Jésus-Christ donne sa vie, ce n’est pas parce que la cruauté de ses ennemis l’y oblige, c’est parce qu’il y consent Lui-même, c’est l’amour qui l’y pousse. Lorsque ses ennemis, au Calvaire, lui criaient : « Descends de la croix et nous croirons en toi », il le pouvait faire facilement. Mais non, il ne l’a pas voulu. Ce n’est pas sa puissance qu’il voulait montrer, c'est son amour; et il savait que l’amour se manifeste par le sacrifice. Il avait confiance dans cette voix de l’amour : « Quand je serai élevé de terre, disait-il, j’attirerai tout à moi ». Oui, c’est pour obtenir notre cœur, qu’il a gardé ses épines, ses clous, ses blessures, ses abjections et ses douleurs. Comment donc la vue de la croix ne nous porterait-elle pas à nous écrier, avec saint Paul : « La charité de Jésus-Christ nous presse... Non, rien ne pourra nous séparer de la charité de Jésus-Christ... si quelqu’un n’aime pas Notre-Seigneur Jésus-Christ, qu’il soit anathème ! »
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