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Qu'est-ce que la dévotion et quelle est son importance (partie 2) ?

- Catégories : Spiritualité - doctrine

Icône de saint Thomas d'Aquin

Rôle de saint Thomas concernant la notion de dévotion

Dans notre premier article consacré à la dévotion, nous écrivions que saint Thomas d'Aquin mérite une place à part, car il s'éloigne en partie de la notion communément admise par la plupart des auteurs de son temps et sa conception exercera une grande influence sur les théologiens et moralistes. Pour lui la dévotion n'est point une disposition habituelle de l'âme, mais l'acte intérieur de la vertu de religion, distinct de l'oraison, par lequel  l'être se consacre au service de Dieu. La contribution de saint Thomas à la théologie de la dévotion est originale en ce sens que, sans se séparer de l'enseignement traditionnel des Pères et des docteurs de l'Eglise, il clarifia ce qui demeurait flou. C'est la marque d'un très grand théologien.

La vertu de religion

Elle incline l'homme à offrir à Dieu le culte qui lui convient. Sans doute l'homme ne peut-il jamais rendre à Dieu ce qu'il lui doit ; de là vient ce désir d'un don aussi parfait que possible, et c'est précisément en cela que consiste la dévotion. La vertu de religion soumet l'homme à Dieu. Elle incline la créature à rendre au Créateur le  service qui lui convient. Or ce service réclame tout ce que la créature est ou possède. Ce service que l'homme rend à Dieu, il le fait principalement par l'intermédiaire de ses deux facultés intelligence et volonté auxquelles correspondent les deux actes les plus importants de la vertu de religion : la prière et la dévotion. La vertu de religion comprend d'autres actes, comme l'adoration qui concerne le corps, le sacrifice et l'oblation pour les choses extérieures, etc...

Parmi les vertus morales, elle occupe le premier rang, parce qu’elle ordonne «directement et immédiatement» à l’honneur de Dieu.

Angelus de Milet

La dévotion, acte de la volonté

Ainsi  l'acte le plus important de la vertu de religion est la dévotion, qui se définit ainsi : promptitude, disponibilité de la volonté au service de Dieu ; cette promptitude ou disponibilité n'est pas autre chose que l'acte même de la volonté ; c'est la volonté s'offrant à Dieu pour le servir et reconnaître son souverain domaine. La dévotion et l'acte premier et principal de la vertu de religion qui se trouve à la base et présent dans tous les autres actes de la vertu de religion (prière, adoration,...). Sans cette dévotion, il n'est pas de vertu véritable de religion, même si on observe tous les autres actes de religion.

Si la dévotion est un acte de la volonté, elle a besoin de l'intelligence, c'est-à-dire, de la contemplation et de la méditation, pour se développer. C'est la considération de la bonté infinie de Dieu et de l'insuffisance humaine qui est essentielle à la dévotion. Pas d'offrande prompte de la volonté à Dieu pour son service sans reconnaissance de ces deux réalités. 

La dévotion et les autres actes de la vertu de religion

La dévotion doit se manifester  dans tous les actes de la vertu de religion, sinon ils ne peuvent pas être des actes de cette vertu : elle lescmarque de son cachet ; elle est la mesure qui les juge et les jauge. Les actes extérieurs de religion se proposent d'éveiller ou d'exprimer la dévotion. Ces actes sont : la prière vocale et intérieure, l'adoration, le sacrifice, le voeux.

Pour ne parler que de la prière, la dévotion empêche celle-ci de dégénérer en pure recherche de l'efficacité : elle est l'âme de la prière. Par la dévotion, la volonté, donc l'homme tout entier, est déjà orientée vers Dieu ; dès lors, la prière devient un véritable acte de culte, d'assujettissement de l'esprit à Dieu. L'importance de la dévotion dans l'acte de prière apparait clairement dans la prière de demande, car si cette dévotion est absente de la prière de demande, celle-ci n'est plus qu'une recherche égoïste de l'accomplissement de la volonté propre. Mais si la volonté appartient déjà à Dieu par l'acte de dévotion, il est impossible à l'homme de rendre un meilleur culte à Dieu, car par la dévotion et la prière de demande, les deux grandes puissances de l'homme, intelligence et volonté, sont offertes et subordonnées à Dieu.

Triptyque première communion

La dévotion et les vertus théologales

Chaque vertu à sa propre finalité et ne se confond pas avec une autre. La vertu de religion n'est pas la vertu de foi. La dévotion n'est pas un acte de charité. Mais, comme nous le disions plus haut, c'est un sujet unique, une personne, qui est cause de différents actes de vertus. Même si chaque vertu à sa spécifié propre, elles s'entraident mutuellement. Un acte de dévotion, qui est du ressort de la vertu de religion, sera plus parfait dans la mesure où la charité sera plus ardente, la foi plus profonde. Ainsi toute acte de la vertu de religion, et spécialement tout acte de dévotion, sera grandement perfectionné par l'aide des vertus théologales.

Ce lien est tel que, saint Thomas n'hésite pas à écrire que la vertu de la religion requiert notamment « la foi, qui désigne à qui le culte de latrie (adoration) doit être rendu, et la charité, qui nous attache à celui à qui ce culte doit être rendu» ; ce qui est vrai de la vertu, l'ai aussi de son acte principal, la dévotion.

Dévotion et sentiments

Ainsi la dévotion n'a rien à voir avec les mouvements de l'appétit sensible, la sensibilité, le sentiment. Ainsi les sentiments, qui ont pour point de départ la connaissance sensible n'ont par eux-mêmes pas de place dans la dévotion. Pour autant ils ne sont pas à négliger car nous sommes corps et âme ;et si les facultés sensibles et intellectuelles sont séparées, elles s'unissent de quelque manière dans l'unité de la personne, du sujet  qui à la fois pose un acte de dévotion et en perçoit le retentissement dans sa sensibilité.

Ainsi lorsque la volonté s'offre avec promptitude à Dieu selon un acte de dévotion, des émotions sensibles s'éveillent (amour, désir, plaisir, espérance). On ne peut pas imaginer pratiquer la dévotion qu'avec la seule volonté. Nous sommes un tout, où les différentes parties concourent dans l'accomplissement de tel ou tel acte.

L'acte spirituel de la dévotion, s'il reste vraiment une offrande prompte et empressée de la volonté à Dieu, débordera donc normalement en émotions sensibles. Et les impressions de l'appétit sensible, si on ne le recherche pas comme une fin, exerceront une influence sur l'acte de la dévotion. Pour autant la qualité de notre dévotion ne se mesure pas selon nos impressions sensibles. Il se peut que Dieu permette, comme épreuve purificatrice, que nous soyons privés de toute émotion sensible tout en ayant une dévotion forte.

Croix Sacré-Coeur

Les objets de dévotion

Avec les explications que nous venons de donner, chacun peut comprendre facilement que tout ce qui favorise cette dévotion intérieure mérite notre attention. Puisque nous sommes composés d'un corps et d'une âme, aidons-nous autant que possible de ce qui est sensible et corporel pour développer en nous cette dévotion intérieure. Ainsi c'est le principal but des articles religieux, qu'ont peut appeler aussi objets de dévotion en tant que qu'ils causent ou accroissent en notre âme la dévotion. A cet effet il est important que ces objets religieux soient beau, car la beauté élève l'âme, surtout si elle est mise au service de la religion. Saint Pie X voulait que la liturgie soit belle pour aider les fidèles à prier.

Echantillons d'objets de dévotion de notre boutique religieuse

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