L'encensement avant la lecture de l'Evangile à la messe à l'Abbaye Saint-Joseph de Clairval
L'Encens dans l'Ancien Testament
Dans l'ancien testament comme dans le nouveau l'encens brûlant est le symbole de la prière. Ce symbolisme trouve son origine et sa justification sans équivoque dans le psaume 140, v. 2 où il est dit : "Que ma prière monte devant vous comme l'encens" ; dans la liturgie de l'ancienne alliance, chaque jour au temple devant l'arche et durant le sacrifice du soir, l'encens était brûlé. Ainsi l'usage que nous faisons de l'encens durant l'office de vêpres s'enracine dans une tradition qui date au moins du roi Salomon. Mais pourquoi l'encens qui brûle symbolise-t-il la prière ? Dans ce symbolisme, il peut y avoir un côté arbitraire, mais la fumée d'encens s'élevant vers le ciel, rappelle que notre intention doit être dirigée vers le ciel ; la riche odeur d'encens nous rappelle que nous devons être la bonne odeur du Christ, riches de vertus ; plus notre prière viendra d'un coeur pur, d'un coeur adonné aux choses de Dieu, pleine de la chaleur de l'amour de Dieu, plus notre prière sera agréable à Dieu. Pour nous aider à mieux comprendre le symbolisme de l'encens, nous pouvons regarder les formules de bénédiction de l'encens que nous trouvons par exemple dans la forme extraordinaire du rite romain ; de ces prières se dégagent les symbolismes suivants :
- Brûler de l'encens est une manière de rendre honneur en faveur de qui l'encens est brûlé. La destruction complète de l'encens est une reconnaissance de toute notre appartenance à Dieu ;
- L'encens est un parfum agréable qui monte vers Dieu et en retour nous demandons que sa miséricorde descende sur nous.
- le feu de l'encensoir et la flamme symbolisent l'amour de Dieu et l'éternelle Charité ; cela rappelle la prière à l'Esprit-Saint : "Venez, esprit-Saint, remplissez que le coeur de vos fidèles et allumez en eux le feu de votre amour.
L'Encens dans l'Eglise Catholique
Il semblerait que dans les premiers siècles du christianisme l'usage de l'encens ait été interdit. Cette réprobation de l'encens par les premiers chrétiens s'explique par leur aversion pour tout ce qui pouvait rappeler le culte des idoles, surtout les sacrifices d'encens, qui équivalaient pour eux à l'apostasie. Néanmoins ils n'hésitaient pas à s'en servir dans la vie privée comme mesure d'utilité pratique.
C'est seulement à partir du IVème siècle que l'usage de l'encens dans le culte commence à se répandre. Mais malheureusement il est impossible de fixer avec précision le rituel primitif de l'encens ou l'origine et le développement des divers usages.
Nous avons des témoignages certains de la fin du quatrième siècle qui prouvent que l'encens et les parfums étaient considérés par les chrétiens comme des marques de respect et d'honneur envers le défunt et non plus comme de simples mesures d'utilité pratique.
Pour bien marquer le contraste entre la conception chrétienne de la mort et celle des païens, les chrétiens donnèrent à leurs funérailles tous les caractères d'un cortège triomphal avec des chants d'allégresse, l'emploi de la lumière, palmes et encens. Il est très probable que c'est par les rites funéraires que l'usage de l'encens est entré dans le culte chrétien. L'encens est associé aussi au culte des reliques.
Le liturgies orientales font un usage plus considérable de l'encens que les liturgies occidentales car elles emploient l'encens à chaque office.
Dans l'Eglise d'Occident saint Ambroise nous fournit le témoignage explicite le plus ancien en faveur de l'emploi de l'encens à la messe.
L'idée générale des prières d'encens est que l'encens brûlant est un sacrifice, une offrande, que l'on fait à Dieu dans l'espoir d'en recevoir en retour sa grâce, son assistance, sa miséricorde.
En dehors de la liturgie proprement dite, l'encens fut employé, en Orient comme en Occident, dans la dévotion privée, comme accompagnement de la prière, pour être brûlé devant les reliques ou les images des saints, et plus tard, au moyen âge, comme sacramental.
Cet aspect de sacramental apparaît très clairement dans cette prière de bénédiction :
"Que tous qui utilisent, touchent ou sentent cet encens reçoivent le secours et la force de l'Esprit Saint."
L'encens à l'Abbaye Saint-Joseph de Clairval
Dans notre abbaye l'usage de l'encens se limite à un usage exclusif durant la liturgie : l'office des Laudes pour les solennités majeures, l'office des vêpres pour les fêtes et solennités. Et bien sûr durant la sainte messe célébrée quotidiennement avec une certaine solennité nous employons l'encens pour encenser l'Evangile, avant sa proclamation ; nous avons aussi l'encensement de l'autel et des oblats durant l'offertoire ; durant les deux élévations, le thuriféraire ou le diacre encense l'hostie consacrée et le calice. Pour les dimanches, fêtes et solennité nous avons d'autres encensement :
- l'encensement de l'autel durant le chant d'entrée ;
- l'encensement des fidèles avant la préface
- l’encensement de statues de saints ou de reliques le jour de leur fête.
Si nous utilisons l'encens que pour la liturgie, nous reconnaissons bien entendu qu'il y a d'autres usages légitimes de l'encens :
- il est tout à fait permis et même louable d'utiliser l'encens à titre de dévotion privée, dans son coin prière et d'où en oratoire domestique. Cet usage de l'encens, est de nature à créer une atmosphère de prière et à faciliter notre oraison. Evidemment dans ce cas il faut utiliser un brûle-encens fixe plutôt qu'un encensoir mobile ou à chaîne...
- l'encens peut être utilisé à un usage profane en raison des propriétés curatives ou de bien-être des différentes substances qui composent les encens. Mais pour cette utilisation de cet encens nous ne sommes pas en mesure de vous conseiller, car nous n'avons aucune expérience en ce domaine puisque l'usage de nous faisons de l'encens se limite à un emploi liturgique. Mais dans cette utilisation de l'encens veillons à ne pas donner des propriétés magiques à l'encens comme cela se fait dans les religions païennes. L'emploi profane de l'encens est tout à fait légitime, mais le bien être que l'on en ressent n'est que de l'ordre naturel et est dû ressort de la médecine des plantes ou substances naturelles.