Dans le dernier article consacré à la sainteté de saint Joseph nous avons relaté ses débuts en Egypte, ses rapports avec Jésus et la grâce mystérieuse qui en émanait. Mais tout n'était pas à la joie, et les épreuves ne manquèrent pas ; elles révèlent la grande sainteté de l'Epoux de Marie.
Terribles menaces contre saint Joseph
Toutes les persécutions que saint Joseph eut à subir, ont été évidemment suscitées par l'ennemi du genre humain qui haïssait d'une manière particulière saint Joseph. Ainsi le démon excita les hommes pervers de la ville où saint Joseph résidait. Ils l'insultèrent, le maltraitèrent et le menacèrent de terribles représailles. Mais le saint ne se troubla, ni ne perdit pas patience. Par contre il craignait qu'ils découvrent où il habite et s'en prennent à Jésus et Marie. Il priait Dieu ainsi :
"... défendez Vous-même votre Fils unique, sa Mère et moi, votre serviteur. Je ne désire rien d'autre que d'accomplir votre sainte volonté, mais si c'est votre volonté que nous soyons affligés et persécutés, que je sois le seul à en souffrir ! Je recevrai volontiers les affronts, les injures, les coups, pourvu que Vous laissiez en paix mon épouse et mon Jésus."
Protection divine sur la sainte Famille
Dieu réconfortait intérieurement saint Joseph en l'assurant qu'il le protégerait et défendrait toujours. Le saint retrouvait alors la sérénité. De retour à la maison, il racontait tout cela à Marie qui le savait déjà et qui l'exhorta à la patience, car Dieu voulait éprouver sa fidélité et l'enrichir de mérites. Il pria aussi Jésus de daigner obtenir de son divin Père lumière et grâce pour ces gens ; il rendait le bien pour le mal.
Ces pervers obstinés ne désarmaient pas, médisaient à propos du saint et montaient les gens contre lui. Ils le maltraitèrent souvent avec des paroles injurieuses, cherchèrent à aller à la maison où il demeurait, mais ils ne purent jamais, car ils en étaient toujours empêchés. Après avoir beaucoup persécuté le saint, ils se lassèrent et le laissèrent vivre en paix, après s'être rendu compte de sa grande patience.
Menaces contre Marie
Mais le démon ne lâchait pas prise. Il excita d'autres perfides à enlever son épouse, car déjà le bruit avait commencé à se propager à travers l'Egypte que Marie était d'une rare et singulière beauté. Ils pensaient aussi que saint Joseph, qu'il considérait comme un homme sans esprit, ne s'y opposerait pas.
Joseph l'apprit et en conçut une grande douleur. Non pas qu'il doutait de la protection de Dieu, mais cela lui rappelait l'affront qu'il avait fait à sa sainte Epouse quand il voulut la quitter lorsqu'il s'aperçut qu'elle était enceinte. Il disait à son Dieu que s'il permettait que son épouse lui soit enlevée, ce serait une peine méritée à cause de l'erreur qu'il avait commise autrefois en voulant quitter sa sainte épouse.
Marie, qui jouissait habituellement de la science infuse et était éclairée surnaturellement, savait tout et ne manquait pas de prier pour son époux accablé par cette épreuve. Une fois son oraison terminée, elle alla réconforter saint Joseph. Jésus le consola aussi de ses caresses, ce qui valut à saint Joseph une nouvelle extase où il comprit que Dieu voulait l'éprouver en beaucoup de choses et lui donner des occasions d'acquérir du mérite et de pratiquer la vertu.
Le surnaturel dans la sainte Famille
Ne soyons pas étonnés de ces extases répétées, de cette abondance de communication surnaturelle. A ce sujet nous pouvons remarquer deux choses :
- Au temps de l'Ancien Testament où la révélation n'était encore qu'imparfaite, Dieu y suppléait, envers les âmes très saintes, par des songes, apparitions. De nos jours nous avons la plénitude de la révélation, l'enseignement de l'Eglise divinement éclairée, par conséquent toutes ces communications surnaturelles et individuelles sont moins nécessaires.
- Jésus était Fils de Dieu, Marie était Mère de Dieu dont le privilège de l'Immaculée Conception avait rendu le champ libre à Dieu pour inonder à profusion l'âme de Marie de grâces divines qui dépassent toute mesure. Elle était quasiment tout le temps en oraison ; elle jouissait de la science infuse, ce qui ne signifie pas qu'elle était omnisciente ; parfois Dieu la laissait au régime commun des vertus théologales comme au moment où Jésus a été perdu à Jérusalem. Ainsi, en esprit Marie savait et voyait tout. Très souvent elle connaissait les causes des larmes de l'Enfant-Jésus, elle savait ce que Joseph faisait.
Ainsi ce contact intime et quotidien avec Jésus et Marie était pour Joseph l'occasion d'un contact quasi sensible avec le surnaturel. Marie communiquait à Joseph une partie des lumières qu'elle avait.
Saint Joseph accusé de vol
Cette épreuve disparut car Dieu en envoya tant à ces perfides qu'ils ne pensèrent plus à ce qu'ils avaient décidé de faire contre saint Joseph.
Mais il y en a un qui ne perdait pas la carte de visite de saint Joseph, si l'on peut dire, c'était le diable. A son instigation, on accusa saint Joseph de vol, notamment de planches de bois, sous prétexte qu'il était pauvre et fugitif. Et on le pensait coupable de nombreux autres délits de ce genre.
Saint Joseph se recommanda à Dieu pour qu'il le délivre de cette calomnie. Joseph fut arrêté par ceux-là mêmes qui avaient été volés ; ils l'injurièrent et le maltraitèrent en espérant qu'il avouerait où il avait caché les objets volés. Mais saint Joseph, pour sa défense, ne disait rien d'autre qu'il était pauvre et aimait cette pauvreté, qu'il pouvait le dépouiller totalement du peu qu'il avait, s'ils le désiraient ; cela ne l'inquiétait pas parce que Dieu lui porterait secours dans ses besoins. Ces paroles eurent pour effet de les calmer et ils laissèrent saint Joseph partir en paix. Quelques temps après on trouva le vrai coupable ; l'innocence de Joseph apparut donc au grand jour, il ne fit aucun reproche à ses calomniateurs, mais supporta tout avec patience. De leur côté ils ne présentèrent pas d'excuses au saint, parce qu'ils estimaient qu'il était une personne méprisable, dont il n'y avait pas à tenir compte du tout.
La patience admirable de saint Joseph
L'ennemi infernal, furieux et humilié de ces défaites, redoublait de rage. La plus part du temps, saint Joseph rencontrait une personne qui le maltraitait ou se moquait de lui. La patience de saint Joseph, pendant son séjour en Egypte, fut prodigieuse, car les épreuves ne manquèrent pas. Mais il ne se plaignit jamais, endura tout avec patience, résignation et joie. A ses persécuteurs il ne disait que cela : "Dieu vous pardonne".
Mais saint Joseph était agité par une crainte très grande qui l'oppressait presque tout le temps : se trouvant parmi des gens barbares, ennemis du vrai Dieu, il eut toujours peur qu'on pût maltraiter ou faire un affront à son épouse et à son Fils. Quand il sortait pour son travail, cette angoisse le travaillait davantage quoiqu'il fut certain que Dieu prenait particulièrement soin de Marie et de Jésus.
Mais il vivait toutes ces épreuves avec une telle résignation au point qu'il avait toujours le visage serein et jovial au grand étonnement et admiration des païens.
La sainteté invisible de saint Joseph
Extérieurement saint Joseph n'accomplit rien d'extraordinaire, ni des actions d'éclat. Mais ces épisodes que nous venons de raconter mettent en valeur sa grande patience, sa grande charité, son amour des ennemis, signes d'une grande sainteté. Un des fondements de la sainteté est sans nul doute dans les dispositions de son coeur qui était totalement donné à Jésus et Marie, toute sa capacité d'amour était entièrement consacrée à Dieu. Conscient du trésor qu'il lui avait été confié, il considérait tout le reste comme de la balayure, pour reprendre l'expression de saint Paul. En ce plaçant à ce niveau que lui importe les injures, les persécutions dans la mesure où lui restent Jésus et sa sainte épouse ? Vivant continuellement au côté de Jésus et de Marie comment ne pouvait-il pas atteindre une très haute sainteté ? La vie de saint Joseph nous rappelle que la sainteté se mesure au degré d'amour de Dieu et non pas dans la grandeur des oeuvres extérieures et c'est par de nombreuses tribulations que nous parvenons au royaume des Cieux.