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Histoire du retable de l'Agneau Mystique

Le polyptyque de l'Agneau Mystique a été réalisé pour ce qui n'était alors que l'église saint Jean-Baptiste de Gand en Belgique ; en 1540 cette église devient l'église saint Bavon, et en 1559 elle est élevée au rang de cathédrale, en raison de la réorganisation des évêchés en Belgique. Philippe II d'Espagne, ébloui par l'oeuvre des frères Van Eyck, désire l'acquérir ; mais la ville de Gand refuse absolument de s'en dessaisir. Le roi d'Espagne se contente alors d'une copie pour la chapelle royale à Madrid (1563).

Détail du retable : le Christ-Roi

L'Agneau Mystique durant les troubles de la réforme

En août 1566 le retable est démonté puis caché dans une tour de l'église, afin de le soustraire à la rage dévastatrice des réformés. S'il était tombé entre les mains de protestants, il n'aurait pas échappé à leur iconoclasme, car l'oeuvre conçue pour accompagner la messe ne pouvait être qu'une cible privilégiée. En 1569, les troubles politiques et religieux s'étant calmés, il retrouve sa place dans l'église.

De 1578 à 1584 Gand fait partie des Provinces-Unies, république calviniste. La raison l'emporte sur la rage destructrice. On se contente de lui ôter sa fonction liturgique et le polyptyque est transféré à l'hôtel de ville. Les échevins pensent l'offrir en cadeau à la Reine d'Angleterre Elisabeth Ière. Heureusement le duc de Parme reconquiert la province et le retable retrouve sa place d'origine à l'église.

Le retable durant la révolution française.

Avec la tourmente révolutionnaire commence les pérégrinations du retable hors de son pays. Le 15 août 1794 les révolutionnaires expédient la partie centrale à Paris pour êtres installer au Louvre, tandis que les panneaux mobiles sont remisés dans la salle du chapitre. Après la défaite de Waterloo en 1815, Louis XVIII restitue le panneau central à la ville de Gand.

Dispersion  des panneaux du retable

Trop content de récupérer les quatre panneaux fixes, le grand Vicaire de Gand décide de vendre les panneaux mobiles. C'est d'abord un antiquaire bruxellois qui les achète et les revend en 1817 à un collectionneur anglais. Puis ils sont acquis e 1821 par Frédéric-Guillaume III de Prusse. A chaque transaction, ils gagnent en la plus-value.

L'incendie de 1822

 Le 11 septembre 1822 un incendie se déclare sur le toit de l'église Saint-Bavon. Le Christ-Roi est légèrement endommagé par des cendres chaudes. Mais plus grave, le panneau central est retiré du mur et transporté en hâte pour le préserver de l'incendie. Au cours du transport il se fend au milieu. La fracture endommage l'Agneau qui doit être repeint. A la place on a plutôt un mouton qu'un Agneau.

Les panneaux d'Adam et Eve

En 1861 l'évêché se débarrasse des panneaux qui représentent Adam et Eve ; leur nudité choque pour une certaine mentalité puritaine. Ils sont vendus à l'état belge qui les place au Musée de Bruxelles. Cette vente ne gêne pas grand monde car cela faisait longtemps que ces panneaux n'étaient plus exposés en public. On remplace les originaux par la copie de Coxcie pour Philippe II d'Espagne mais nos premiers parents sont revêtus de peaux de bête.

Les panneaux en possession de l'Allemagne sont sciés par la tranche afin que le recto et verso soient exposés côte à côte en vue de faciliter leur exposition. N'oublions pas que ces panneaux étaient peints des deux côtés.

Le retable durant la guerre de 14 - 18

Durant la première guerre mondiale les panneaux restants sont mise en sûreté dans la crypte.

Après la guerre, le polyptyque sera l'objet d'une mention spéciale dans le traité de Versailles ! L'Allemagne s'engage à rendre les douze panneaux qu'elle possède, en échange de quoi l'Allemagne obtient une réduction de 75 millions de Francs sur les réparations de guerre. Les douze panneaux rejoignent Adam et Eve à Bruxelles et l'ensemble repart à la cathédrale de Gand où après un siècle le retable est reconstitué au complet mais pas pour longtemps.

Vol de deux panneaux du retable de l'Agneau Mystique

le 10 avril 1934 des voleurs pénètrent dans l'église Saint-Bavon et emporte le panneau qui se trouve en bas à gauche du retable ouvert et qui représente d'un côté les juges intègres, et de l'autre saint Jean-Baptiste.

Le voleur exige une forte rançon et pour prouver qu'il est bien en possession du panneau, il rend la moitié du panneau de saint Jean-Baptiste. N'oublions pas que les allemands avaient coupé les panneaux mobiles dans le sens de la tranche comme il a été écrit plus haut. Malheureusement le receleur est atteint d'une crise cardiaque et sur son lit de mort il avoue savoir où se trouve le panneau volé. Mais il meurt avant d'avoir révélé la cachette. Le panneau des juges n'a toujours pas été retrouvé. En 1939 il est remplacé par une copie réalisée par un peintre spécialiste des faux primitifs flamands. Pour réaliser ce travail il utilise comme modèle la copie de Madrid réalisée pour Philippe II.

Les juges intègres Saint Jean-Baptiste

panneaux des juges intègres et de saint Jean-Baptiste

Le triptyque de l'Agneau Mystique durant la guerre 1939 - 1945

Durant cette guerre le retable repartit en exil et il s'en faut de peu qu'il soit détruit. En 1940, on envisage de l'envoyer au Vatican ; mais comme il est impossible de passer la frontière italienne, l'Agneau Mystique gagne en train les Pyrénées françaises. Il y resta jusqu'en 1942. A ce moment Hitler réclame le retable un peu comme une revanche sur le traité de Versailles qui avait imposé la restitution des panneaux que l'Allemagne possédait. Le retable est remis aux autorités allemandes qui le transportent au château de Neuschwanstein en Bavière puis le cachent dans une mine de sel en Autriche. Pendant ce temps la Gestapo fouille de fond en comble la Belgique pour retrouver le panneau volé des Juges intègres.

Cette mine de sel où se trouve le polyptyque est aussi une cachette pour d'autres oeuvres d'art. Hitler,dans sa rage destructrice ordonne de remplir la mine d'explosifs et de tout faire sauter. Mais in extremis un chef SS donne un contre-ordre : le retable est sauvé. Le 12 juillet 1945 les Américains retirent l'Agneau mystique de la mine autrichienne.

Retour à la maison

Depuis il a regagné la cathédrale de Gand, mais dans une autre chapelle que celle pour laquelle il avait été réalisé. Il ne sert plus pour la liturgie et il est toujours ouvert, protégé par une vitre pare-balles. A plusieurs reprises il a été restauré par des spécialistes.

Rappelons que cette oeuvre d'art n'a pas été réalisée pour elle-même, mais pour l'ornementation d'un autel, afin d'honorer Jésus présent dans l'hostie. Ainsi ce retable est comme un écrin pour Jésus-Hostie, ce qu'il ne faut jamais oublier en contemplant ce chef d'oeuvre pictural. Dans ce retable les frères Van Eyck ont voulu passer, immortaliser leur foi.

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