Mgr François d'Estaing - évêque de Rodez
Le nom propre d'Estaing a une certaine notoriété en politique ; mais ce que la plus part des gens ignore, est que ce nom est intimement lié au culte des Anges gardiens en raison de Mgr François d'Estaing (1462 - 1529) évêque de Rodez.
Qui est Mgr d'Estaing ?
Il naquit le 6 janvier 1462 à Rodez. Dès ses premières années il se distingua par de très heureuses dispositions pour la science et la piété. Au début de l'adolescence, il fut confié, avec son frère Antoine à Jean-Pierre d'Estaing, leur oncle paternel, pour recevoir une éducation plus soignée, afin de les préparer de bonne heure aux vertus de l'état ecclésiastique, auquel on les destinait. Cet oncle était abbé d'Aubrac, un homme d'une éminente vertu, et non moins d'une rare habileté dans les affaires. Il était chanoine de l'église de Lyon et conseiller au parlement de Toulouse. Dom Aubrac prit très au sérieux son rôle d'éducateur et ses neveux répondirent avec une grande générosité à ses attentes. François croissait tous les jours en science et en sagesse, à mesure qu'il croissait en âge ; et ceux qui le suivaient de près disaient de lui ce qui avaient été dit de saint Athanase, qu'en lui la vertu n'avait pas attendu le nombre des années, et qu'il semblait consommé dans la sainteté à un âge où les autres commençaient à peine à en concevoir l'idée. Quand il fut en âge d'aller à l'université il partit pour Toulouse puis Paris. À l'âge de 22 ans son oncle l'envoya parfaire sa formation ecclésiastique en Italie. Le 19 mai 1488 il couronna son séjour dans ce pays par le doctorat, qu'il décrocha à l'université de Pavie. Les lettres qu'on lui donna contenaient un grand éloge de l'étendue et de la profondeur de ses connaissances.
Un prêtre zélé
Le 18 septembre 1499 il fut ordonné prêtre dans l'église de Monistrol, en Velay, diocèse du Puy. Du moment que François d'Estaing se vit honoré du sacerdoce, ce fut un homme tout nouveau. Il apparut au monde comme un parfait modèle de la vie ecclésiastique. A l'exemple des saints prêtres de tous les temps, il ne passait aucun jour sans célébrer les saints mystères. Il fut admis quelque temps après son ordination au grand Conseil du roi. En raison de cette charge il reçut plusieurs fois des missions importantes, qu'il remplit à la plus grande joie de tous. Quand le grand Conseil ne le sollicitait pas, il s'occupait de l'abbaye dont il était bénéficiaire et de toutes les paroisses qui en dépendaient. Il les visita toutes avec un zèle infatigable. Dans l'usage de ses bénéfices, on n'avait jamais vu un si grand esprit de pauvreté et de renoncement uni à une si rare habileté pour l'administration des biens ecclésiastiques. François d'Estaing pensait que les ministres de l'Eglise doivent être pauvres, mais que l'Eglise doit être riche et briller aux yeux du peuples par la beauté de ses temples et l'éclat de ses solennités. Ainsi il passait son temps à remplir toutes les fonctions dont il était chargé et ses plus chères délices étaient d'habiter la maison de Dieu et de chanter ses louanges. Il aurait borné là toute son ambition mais Dieu l'appelait à des honneurs plus grands pour le bien des âmes.
Cathédrale de Rodez : le clocher a été refait par Mgr D'estaing
François d'Estaing, évêque de Rodez
Quand l'évêque de Rodez Bertrand de Polignac vint à mourir, le 11 novembre 1501 le choix du chapitre tomba tout naturellement sur François d'Estaing. Mais il dut attendre encore trois avant sa consécration épiscopale en raison de l'opposition de certains ambitieux qui avaient le soutien du neveu du Pape Alexandre VI.
Il s'adonna au soin de son diocèse qu'il considérait comme son épouse avec un grand zèle. Il fut un évêque réformateur avant la révolte de Luther, avant le concile de Trente.
Il considérait comme le principal devoir les visites pastorales ; avant la visite il invoquait avec ferveur les saints des Patrons des églises ainsi que les Anges gardiens des paroisses et de tous les lieux par où il devait passer. Rien n'échappait à sa sollicitude pastorale : réception des sacrements, réformes des couvents et monastères, entretien et rénovation des bâtiments ecclésiastiques, tenue des ecclésiastiques, soin à la formation des prêtres alors qu'il n'y avait pas encore de séminaires.
Fête de l'Ange Gardien
Un autre champ d'action où il déployait tout son zèle était bien entendu la liturgie. Cela nous amène à parler des anges gardiens.
Ce culte rendu à l'Ange gardien occupait bien souvent l'esprit du saint prélat. Il y pensait déjà pendant le temps qu'il passa à Rome en qualité d'ambassadeur du roi de France. Il communiqua dès lors au Pape le projet qu'il avait formé d'établir dans son diocèse la fête de l'Ange Gardien, et Jules II lui donna, de vive voix, toutes les permissions nécessaires.
De retour à Rodez, Il fit composé l'office par un savant et pieux docteur franciscain ; il s'inspira essentiellement de la sainte Ecriture et des plus beaux passages des Pères de l'Eglise. Le Pape Léon X, successeur de Jules II, donna un bref d'approbation. Le Pape fut tellement satisfait de cette dévotion, qu'il écrivit à l'évêque de Rodez qu'il se proposait d'imiter sa piété, en donnant la fête de l'Ange Gardien à tout l'univers catholique. Il l'engageait seulement à en abréger l'office, pour le mettre à la portée du commun des fidèles.
En 1526 François d'Estaing obtint encore du pape Clément VII une nouvelle confirmation de la fête de l'Ange Gardien. Cette nouvelle bulle était la consécration de 25 ans d'efforts en faveur de la dévotion aux Anges gardiens.
Statue de l'Ange Gardien
Un exemple contagieux
Le cardinal de Sainte-Croix qui avait lié une étroite amitié avec l'évêque de Rodez, non seulement soutint sa cause à la cour de Rome, mais il l'adopta avec ferveur et se mit à propager la dévotion aux saints Anges Gardiens. Ce fut sur son invitation que plusieurs évêques d'Espagne en adoptèrent la fête.
Le docteur Govéa, portugais et ancien condisciple de François d'Estaing, lui promit de propager la dévotion à l'Ange Gardien partout où il se trouverait. Rappelé au Portugal par le roi Jean III, il y introduisit cette dévotion.
Cette initiative du Bienheureux François d'Estaing donna une nouvelle impulsion à la dévotion aux Anges gardiens. Différentes Eglises prirent l'initiative de cette fête placée sous divers rites à diverses dates.
En 1608,le pape Paul V, à la demande de Ferdinand II, Archiduc d'Autriche et empereur des Romains, accorda la fête des Anges gardiens dans tous les états de l'empire sans la rendre obligatoire pour l'Eglise universelle.
Il fallut attendre le pape Clément X, en 1670, pour que la fête des Anges gardiens, fixée au 2 octobre, soit dans le calendrier universel et rendue obligatoire pour toute l'Eglise.
Fête de l'Ange Gardien et la fête des Anges Gardiens
L'Eglise de Rodez, tout en suivant le Bréviaire Romain qui porte la fête des saints Anges Gardiens au 2 octobre, a conservé jusqu'au XIXème siècle la fête de l'Ange-Gardien (Proprii Angeli) fixée au premier mars.
L'épitaphe placée sur le tombeau de François d'Estaing rappelle ses mérites et sa grande sainteté confirmée par de nombreux miracles. En voici un extrait :
Il est mort à 69 ans, après 28 ans d'épiscopat. Son amour pour les pauvres de Jésus-Christ était immense, ses libéralités sans bornes. Son âme, tout dévouée à Dieu, ne suspendait ses hommages ni jour ni nuit. Rien n'égalait sa magnificence pour construire ou répare les édifices sacrés, aussi bien que son zèle à maintenir les droits de l'Eglise. Il ne blessa jamais personne par ses paroles ou par ses actes, et jamais personne ne sortit de chez lui triste ou mécontent. Il améliora l'administration de la justice dans les cours spirituelles et temporelles. Il établit à grands frais dans son église de belles fondations, pour le repos de son âme et de celle de ses parents, amis et serviteurs. Tout entier à son diocèse et à son peuple qu'il n'abandonna jamais, il a été enlevé à l'amour de ses enfants, pour aller jouir du bonheur du ciel, où il les recommandera de plus près et avec plus d'amour au Seigneur Jésus, à sa tendre Mère, et à toute l'assemblée des Saints.
détail du clocher de la cathédrale de Rodez refait par Mgr d'Estaing