Categories

La tradition attribue à saint Dominique l'origine du Rosaire

Saint Dominique recevant le Roaire de la main de la sainte Vierge

Saint Dominique à l'origine de la dévotion du saint Rosaire

Jusqu'à la fin du XIXe siècle, l'origine du saint Rosaire était attribuée unanimement à Saint Dominique, fondateur de l'ordre des prêcheurs. l'abbé Régnaud, dans son livre, "Le rosaire de la Bienheureuse Vierge Marie, Instruction générale, Histoires, Cérémonies, Formules, Prières, Méditations, Pratiques, Hymnes et Cantiques", (ouf !...) est un témoin fidèle de cette tradition. Voici ce qu'il écrit dans cet ouvrage édité en 1886 :

"Dans sa forme actuelle, le Rosaire a pour auteur saint Dominique, suivant le témoignage des Pontifes Romains. Avant le XIIIe (c'est-à-dire avant saint Dominique), le nombre des globules ou des grains, dont il se composait, n'était pas déterminé. C'est alors que saint Dominique le fixa irrévocablement à cent cinquante grains pour les Ave Maria, suivant une révélation dont il fut honoré par la Très Sainte Vierge."

L'auteur continue en racontant la vision qu'a eu le saint, en se basant sur les annales de l'ordre de l'Ordre des Prêcheurs (édition 1627).

Vision de saint Dominique

Voici comment celle-ci est rapportée :

Voyant les ravages causés en France par l’hérésie des Albigeois et ne sachant comment ramener à la foi ces terribles sectaires, il recourut à la Sainte Mère de Dieu. Or Marie exauça sa prière et lui apparut environnée d’une grande lumière. “ Aie bon courage,” lui dit-elle, tu sais bien ce que le salut des hommes a coûté à mon Fils. Non, il ne veut pas que l’œuvre de la Rédemption devienne inutile. Aie donc cou­rage et grande confiance, le fruit de tes fatigues sera abondant. Le remède à tant de maux sera dans la méditation des Mystères de la Vie, de la Passion, de la Mort et de la Gloire de mon Fils unique, en y joignant la Salutation Angélique, par laquelle fut annoncée la grande œuvre de la Rédemption.” Après avoir enseigné à saint Dominique la manière de réciter le Rosaire, Marie lui dit encore : “ Telle est la dévotion que tu dois apprendre aux peuples par tes prédications, comme une pratique très chère à mon Fils et à moi, et comme le moyen le plus puissant de dissiper les hérésies, d’éteindre les vices, de propager la vertu, d’implorer la divine miséricorde et d’obtenir ma protection. Je veux que non seulement toi, mais tous ceux qui entreront dans ton Ordre, soient perpétuellement les promoteurs de cette manière de prier. Les Fidèles obtiendront par elle d’innombrables avantages et me trouveront toujours prête à les aider dans leurs besoins. C’est le précieux don que je te laisse, à toi et à tes fils.”

La Vierge et saint Dominique

Mise au point du Rosaire par saint Dominique

Pour obéir à la Reine du Ciel, il s’efforça, avec les Religieux de son Ordre, de propager la dévotion qu’elle lui recommandait. C’est à Muret qu’il commença de la prêcher aux fidèles. Il en parla aussi à Rome dans l'église Saint-Sixte et la représenta comme la Rose par excellence du Paradis et comme une prière chère à Jésus et à Marie. Afin de permettre aux fidèles de compter plus facilement les Pater et les Ave à dire, il leur distribua de petites cordes ayant des noeuds, comme des frondes pour abattre et terrasser le géant infernal. Il partagea le Rosaire en quinze dizaines, dont chacune devait être précédée du Pater et suivie du Gloria. Et à chaque dizaine il assigna une méditation sur un des Mystères du Sauveur, dont il dressa le tableau".

Selon ce même auteur, saint Dominique institua une Association, appelée Confrérie de Marie, pour exciter les fidèles à une sainte émulation dans la pratique de cette dévotion.

Le Rosaire, vainqueur des Albigeois

C'est au rosaire qu'on attribue la victoire sur l'hérésie albigeoise. Eclairés et ranimés par la récitation du Rosaire, les fidèles se mirent en gardent contre l'erreur des Albigeois, renoncèrent à leurs désordres et s'appliquèrent au service de Dieu. Plus de cent mille hérétiques se convertirent et un nombre prodigieux de pécheurs abandonnèrent leurs habitudes dépravées. Ainsi, lorsque saint Dominique montra au monde cette dévotion, les hérésies se dispersèrent, les ennemis de la foi furent mis en déroute, les moeurs réformées, les eaux de l'Eglise de Dieu purifiées et le champ du Seigneur fécondé par les vertus les plus choisies. Parmi les faits les plus remarquables on attribue au rosaire la victoire de Muret en 1213, où l'armée catholique écrasa l'armée des hérétiques et des Aragonais bien supérieure en nombre ; selon certains auteurs saint Dominique était présent et encourageait la petite armée catholique par la prière du rosaire.

Chapelet en nacreLe Rosaire et Alain de la Roche

Au XIVe siècle la pratique du rosaire tomba peu à peu en désuétude. Mais si la plupart des hommes l'avait effacé de sa mémoire, la Très Sainte Vierge eut soin de le rappeler. Pour en raviver la pratique, elle se servit du bienheureux Alain de la Roche. Elle lui apparut en 1460 et lui ordonna de le prêcher au peuple. Ce qu'il fit avec beaucoup de piété, et de ferveur, de 1460 jusqu'à sa mort en 1475. Jacques Sprenger, Prieur de Cologne continua l'oeuvre du bienheureux Alain et rétablit solennellement la Confrérie du Rosaire.

Développement du Rosaire

Au XVIe et XVIIe siècles la dévotion au Rosaire fit de nouveau progrès grâce à la protection des Souverains Pontifes : saint Pie V, Grégoire XIII, Clément XI.

Au XVIIIe le rosaire trouva d'ardents propagateurs dans saint Louis-Marie de Montfort et saint Alphonse-Marie de Liguori pour ne citer que les plus célèbres.

A partir du XIXe siècle, les souverains pontifes Grégoire XVI et surtout Léon XIII, que l'on peut appeler le pape du Rosaire en raison des nombreux textes consacrés à la prière du chapelet, encouragèrent fortement les fidèles à la dévotion au Rosaire.

Origine du Rosaire selon Léon XIII

Cette origine du Rosaire était tellement admise à la fin du XIXe s. que Léon XIII, dans son encyclique Octobri mensi du 22 septembre 1891, écrivait : "C'est sous son souffle et son inspiration (de la Très sainte Vierge Marie) qu'à une époque très hostile au nom catholique, et assez semblable à la nôtre, l'illustre saint Dominique a introduit et propagé cette dévotion comme une machine de guerre puissante pour repousser les ennemis de la foi. La secte des hérétiques Albigeois avait, tantôt clandestinement tantôt ouvertement, envahi de nombreuses régions... On ne pouvait plus guère compter sur des secours humains contre cette engeance malfaisante et arrogante, lorsque survint de Dieu le secours, grâce au Rosaire de Marie. Ainsi, grâce à la Vierge, glorieuse  triomphatrice de toutes les hérésies la force des impies fut ébranlée et brisée, la foi préservée pour beaucoup.

Dans son Encyclique Magnae Dei Matris du 7 septembre 1892, Léon XIII reprenait le même enseignement : "Son origine (du rosaire) bien connue, que glorifient d'illustres monuments et que Nous-même avons plus d'une fois rappelée, atteste sa grande puissance... A l'époque  de la secte des Albigeois... l'Eglise combattit contre elle ... principalement en opposant la force du très saint Rosaire, dont la Mère de Dieu elle-même donna le rite à propager au patriarche Dominique".

On pourrait citer d'autres textes des Souverains Pontifes, mais cela deviendrait fastidieux.

Léon XIII

Le bien fondé de l'origine du Rosaire 

Ainsi, jusqu'à la fin du XIXe s. on considérait cette dévotion, dont l'origine est plutôt divine qu'humaine, pour reprendre l'expression de Léon XIII dans sa lettre apostolique "Quam in sanctissimam" du 4 novembre 1897, comme provenant de saint Dominique avec tous les éléments que nous connaissons.

Mais, à cette même époque, deux religieux, chacun de son côté, un jésuite et un dominicain voulurent établir d'une manière plus certaine cette origine du saint Rosaire attribuée à saint Dominique. Ils entreprirent donc des recherches historiques dont nous parlerons dans un prochain article.

Partager ce contenu

Ajouter un commentaire