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Que penser des différentes rédactions du secret de la Salette ?

Buste Notre-Dame de La Salette

Nous avons vu dans un précédent article les circonstances de la première rédaction du secret de La Salette et comment les originaux ont été retrouvés en 1999. Mais ce n'est pas la seule fois que les deux voyants rédigèrent le secret. Il est intéressant de confronter ces différentes rédactions.

Maximin et Mélanie, les voyants de la Salette

Les rédactions de Maximin Giraud

Maximin rédigea une deuxième fois le secret le 11 août 1851 pour Benjamin Dausse. Il est très semblable au texte du 3 juillet mais avec des variantes secondaires. La troisième rédaction, qui date du 5 août 1853, est due à la demande de Mgr Ginoulhiac. Ces différentes rédactions de Maximin n'apportent rien de nouveau.

Les rédactions du secret par Mélanie

Elle rédigea le secret jusqu'à 8 fois. La deuxième rédaction du secret à été réalisée le 12 et 14 août 1853 à la demande de Mgr Gilhouac. Consciente de la situation délicate elle n'explicite pas trop les événements politiques, notamment ce qui concerne l'empereur.

- en 1858 Mélanie envoie au pape le secret complet, car au dire de la voyante, la sainte Vierge lui avait demandé de le révéler en détail qu'à partir de 1858.

- vers 1860, arrivée à Marseille, elle réécrit le secret en entier à la  demande de ses supérieures. Ce texte de 1860 reprend donc de celui de 1858, qui n'a pas été retrouvé dans les archives vaticanes. Une copie de la version de 1860 a été publiée avec imprimatur en 1873.

- le 21 novembre 1878, à Castellammare en Italie, Mélanie consigne son propre récit, soigné et détaillé, de l'apparition. Elle y inclut le texte du secret intégralement avec des compléments par rapport au texte de Marseille qui comprenait des "etc". Elle publie ce récit à Lecce en 1879 avec l'imprimatur de Mgr Zola.

Quelques circonstances à propos des rédactions

Arrivée à Marseille en 1860, Mélanie fit la connaissance d'un évêque italien exilé en France qui devint son confesseur. Cet évêque, Mgr Petagna, eut l'occasion de parler de la voyante au pape Pie IX, qui avait pris connaissance de la version longue de 1858. Ce dernier dit que Mélanie ne devait pas être cloîtrée afin de pouvoir accomplir sa mission. A partir de ce moment là Mélanie eut toute liberté pour remplir sa mission, la diffusion du message de La Salette. A l'avènement de Léon XIII, en 1878, Mélanie écrivit une brochure qui contenait le Secret in extenso et l'envoya au Vatican. Quelque temps après, elle fut reçue par le pape Léon XIII, qui lui demanda alors de diffuser le message de la Vierge de La Salette. L'évêque de Lecce, Mgr Zola, son ancien confesseur, donna l'imprimatur à cette brochure qui contient la dernière rédaction du secret.

Statue de Notre-Dame de la Salette en pleurs

Oppositions au secret de La Salette

Mais cette publication et approbation ne plut pas à tout le monde. Sous prétexte que cela semait le trouble en France, quelques évêques demandèrent la condamnation du secret. Mais Rome s'y refusa ; et à force d'insister, l'évêque de Troye, Mgr Cortet obtint en 1880 une lettre du Cardinal Caterini, secrétaire de la congrégation de l'Inquisition, où il est écrit " Ils veulent que vous sachiez que le Saint-Siège a vu, avec le plus grand déplaisir, la publication qui en a été faite et que sa volonté expresse est que les exemplaires répandus déjà parmi les fidèles soient retirés de leurs mains partout où la chose sera possible, mais maintenez-le entre les mains du clergé pour qu’il en profite."

Cette phrase n'est pas une condamnation, mais elle circula amputée du membre de phrase "mais maintenez-le entre les mains du clergé pour qu’il en profite." C'était faire croire que le secret était condamné purement et simplement. Alors que d'autres éléments concluent dans le sens contraire :

- l'expression " avec le plus grand déplaisir", de soi, ne signifie pas une condamnation,

- l'original de cette lettre montre qu'elle n'est pas écrite sur du papier à entête, qu'elle est sans numéro d'enregistrement, sans aucune marque officielle, simplement signée de la main du cardinal Caterini ; ainsi on est en droit de penser que ce n'est pas un document officiel mais une lettre personnelle et encore moins une mise à l'index.

Plus tard, le secrétaire du cardinal Caterini, qui avait rédigé la lettre, présenta ses excuses à Mgr Zola en ajoutant qu'il avait eu la main forcée. Rappelons que Mgr Zola est l'évêque qui avait donné l'imprimatur et par conséquent se trouvait comme implicitement blâmé par la lettre du Cardinal.

Sanctuaire Notre-Dame de la Salette

Le secret de la Salette au XXe s.

Par la suite d'autres tentatives furent faites pour condamner le secret de La Salette :

- en 1907, condamnation des livres de l'Abbé Combe sur le secret de La Salette ; seuls sont mis à l'index ces livres, mais le secret n'est pas condamné en tant que tel.

- en 1915 : un décret du saint Office demande de "s'abstenir de traiter et de discuter le sujet dont il s'agit sous quelque prétexte et sous quelque forme que ce soit" ; ce n'est pas encore condamner le secret, mais simplement les abus concernant ce secret.

- en 1923 : une brochure qui reprenait les principaux documents concernant le secret de La Salette fut publié en 1922 avec imprimatur. Mais l'année suivante un laïc se permit de publier cette même brochure avec des falsifications. Seule cette dernière brochure fut condamnée par un décret du Saint-Office le 9 mai 1923.

- en 1957 une dernière tentative eu lieu : Le cardinal Pizzardo, secrétaire du Saint-Office, écrivit une lettre adressée au procureur général de la Congrégation des Missionnaires de La Salette pour lui rappeler la condamnation de 1923. Mais, d'une part cette lettre n'a qu'un caractère privé et d'autre part, le décret de 1923 ne condamnait pas le secret.

Enfin de compte le secret de La Salette n'a jamais été condamné ; bien plus il a reçut l'approbation de trois papes : Pie IX, Léon XIII et Benoît XV. Seuls les commentaires sur le secret, faits sans ordre du Saint-Siège ou sans avoir reçu son approbation, sont condamnés.

Télécharger le Secret de Notre-Dame de La Salette publié par Mélanie en 1879

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