Dans le dernier article consacré à la sainteté de saint Joseph d'après la vie de Soeur Maria Cecilia Baij, nous avons laissé l'époux de Marie tout à la joie de la connaissance du grand mystère que portait Marie en son sein.
Saint Joseph dans l'attente de la naissance du Sauveur
Suivons donc maintenant saint Joseph entouré de Marie et de Jésus dans le sein de sa Mère. En une telle compagnie il ne pouvait que progresser en sainteté !
Saint Joseph avait toujours vécu détaché de toutes les choses caduques et terrestres, ayant toujours son coeur et sa pensée fixés en son Dieu, unique objet de tout son amour. Mais cela s'accrut beaucoup en lui après que le mystère de l'Incarnation lui fut révélé, au point que son esprit n'était plus réceptif à rien d'autre. Toujours fixé en son Dieu incarné, avec Lui sans cesse il parlait intérieurement et, pour connaitre le nombre d'actes d'amour, de gratitude, de révérence qu'il Lui faisait continûment, il faudrait pouvoir compter tous les actes qu'il a faits. La plupart du temps, les paroles mêmes qu'il prononçait étaient toutes adressées à cet Objet aimé de son coeur et, quand des gens venaient lui commander du travail, il ne savait donner d'autre réponse que de louer son Dieu et exalter son infinie bonté et miséricorde, en disant à tout le monde : "Louons notre Dieu, louons-le toujours. Qu'il est admirable en ses oeuvres, que son amour est grand!"
Une telle attitude lui suscitait parfois, de la part de personnes mal disposées, des critiques, mépris et autres persécutions ; mais saint Joseph supportait tout cela avec joie et ne s'en plaignait jamais, il offrait à Dieu tous les mépris qu'il recevait et Le suppliait de pardonner à tous ceux qui se moquaient de lui.
Saint Joseph et la Passion du Christ
La sainte Vierge connaissait le mystère de la Passion et la mort du Christ sur la croix. Elle découvrit en partie ce mystère à saint Joseph avant que l'Enfant-Dieu ne soit né. Mais ce fut pour ce grand saint une cause de grande souffrance et cela assombrissait en saint Joseph le grand bonheur qu'il éprouvait en permanence du fait d'être en présence de son Dieu fait homme et de s'entretenir avec la divine Mère. Et, au milieu des consolations, son coeur était transpercé d'une douleur aiguë à la pensée de ce que le divin Rédempteur souffrirait et pâtirait au cours de sa vie.
Ainsi, saint Joseph, bien qu'il mourut avant la vie publique du Christ, et par conséquent avant sa Passion, en quelque manière il participa à celle-ci. Il se trouvait devant un abîme d'incompréhension et disait à sa sainte Epouse : "Comment est-il possible que notre Dieu ne soit pas aimé de tous et que le monde ne veuille pas Le connaître ?! Ô Verbe incarné, Vous serez donc inconnu dans le monde. Vous serez payé d'ingratitude ?! Oh, mon Dieu!"
Si saint Joseph jouissait de grandes consolations par la présence de Marie et de Jésus, la croix était bien présente et d'autant plus lourde qu'il aimait Jésus et Marie de l'amour sans borne dont il était capable. Dans la nuit de Noël il disait à sa très saint Epouse : "Est-il possible, o mon Epouse, qu'il n'y ait pas un coin où le Maître de l'univers puisse s'abriter ? Mon coeur en est broyé de peine !"
Une telle confidence nous révèle combien saint Joseph a dû souffrir durant la fuite en Egypte en voyant à quoi était réduit l'Enfant Dieu !
Saint Joseph et la fuite en Egypte
Au cours de la fuite en Egypte Joseph était grandement consolé par la présence de Marie et surtout de Jésus ; mais d'un autre coté, voir les fatigues et privations que devaient supporter la Mère et l'Enfant, augmentait sa souffrance. Il souffrit aussi de bien des injures et autres paroles offensantes de la part de ceux qui les logeaient, quand il pouvait trouver un logis ! Les hôtes étaient en admiration devant la beauté de Marie et de Jésus, et du coup ils se retournaient contre Joseph en le traitant d'homme privé de discernement et de jugement, d'emmener dans de tels coins sa très délicate et très noble épouse par un temps si rigoureux. Ils le traitaient de vagabond, se moquaient de lui et le maltraitaient. Le saint se taisait sans chercher d'excuses, le supportait avec une grande patience et l'offrait à son Dieu, pour l'amour duquel il était prêt à tout endurer. Auprès de sa très aimée Epouse il trouvait un réconfort et un encouragement. Il priait Dieu ainsi : "Ô mon Dieu, Vous savez tout et Vous savez dans quel but je vais en errant. Ce n'est pour rien d'autre que Vous obéir. En plus, j'aime être maltraité pourvu que ma chère épouse et mon Jésus soient traités avec respect."
Durant ce voyage, saint Joseph exerça aussi la charité envers le prochain, parce que - lorsqu'ils devaient entrer dans une ville ou un village pour chercher un abri - il priait son Jésus pour les gens qui y demeuraient, afin qu'Il daigna les éclairer et leur faire quelque bien. Il priait spécialement pour les malades et les mourants suivant en cela le penchant de son coeur, et demandait à Jésus de guérir les malades, parce qu'il espérait qu'ensuite, avec le temps, ils se convertiraient et embrasseraient la foi véritable qu'Il était venu enseigner au monde ; et Jésus l'exauçait.
Ce voyage fut très long et pénible pour les saints pèlerins, qui souffrirent beaucoup mais qui profitèrent aussi des faveurs divines et qui, souvent, étaient restaurés par la libéralité divine.
Songe de saint Joseph
Saint Joseph et ses débuts en Egypte
Une fois arrivés en Egypte, il ne faut s'imaginer que les épreuves cessèrent. Certes ils trouvèrent des païens bien disposés pour les aider à trouver un logis et pour leur faire l'aumône. Ces gens d'un esprit doux et compatissant étaient émus de compassion envers la divine Mère, car la voyant d'une rare beauté, modestie et grâce, ils ne pouvaient s'empêcher d'avoir pitié d'elle et de faire preuve d'une certaine bonne volonté envers elle ; et tous ou presque enviaient le sort de saint Joseph qui l'avait en sa compagnie. Mais nul ne pensa jamais à la lui enlever comme il arriva à Abraham lorsqu'il fit un séjour en Egypte. Mais à côté de ces habitants émerveillés de la sagesse, beauté et grâce de Marie, il y en avait d'autres qui injuriaient saint Joseph et il supportait tout avec patience.
Saint Joseph souffrait de voir Jésus et Marie dans une grande pauvreté, et il en était très triste parce qu'il n'avait pas les moyens de pourvoir à leurs besoins et il se disait à lui-même :
"Dieu le veut ainsi, alors je dois le vouloir, moi aussi ; et si le Verbe incarné ne dédaigne pas d'habiter dans une telle pauvreté et une telle misère, je ne dois pas dédaigner, moi d'y habiter ! Quant à moi, je suis content de ce que Dieu me donne. La seule chose qui me désole, c'est la souffrance de mon Jésus et de mon épouse. Mais s'il plaît ainsi à Dieu, cela doit également me plaire ainsi, à moi."
Quelles paroles pleines de sagesse et d'enseignement ! Toutes ces belles réflexions manifestent la sainteté de saint Joseph et montrent comment les différents épisodes de sa vie y contribuèrent.
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