La Cité mystique de Dieu est une oeuvre magistrale écrite par la vénérable Marie d'Agreda, religieuse espagnole. Cet ouvrage comprend 6 tomes in octavo d'environ 650 pages chacun, dans lesquels Marie d'Agreda raconte la vie de la très sainte Vierge Marie, Cité mystique, qu'elle a apprise par une révélation surnaturelle. Cet ouvrage est une oeuvre maîtresse de la littérature spirituelle même si elle est presque ignorée. Le silence qui entoure en France Marie d'Agreda vient très vraisemblablement de ce que son oeuvre fut jadis l'objet de l'opposition acharnée et du dénigrement des Jansénistes et des Gallicans peu favorables à la dévotion mariale.
Naissance et enfance de Marie d'Agreda
Marie d'Agreda, de son nom civil Maria Coronel y Arana, naquit le 2 avril 1602 à Agreda, ancienne ville de Castille. A défaut des biens de ce monde, sans pourtant être pauvres, car ils jouissaient d'une certaine aisance, ses parents étaient riches en piété et vertus. Dès sa première enfance, Marie d'Agreda se distingua par une piété et des vertus au-dessus de son âge. Vers 8 huit ans, dans la nuit de Noël, elle fit voeu de virginité. Elle raconte : "... étant la nuit de la Nativité de Notre Seigneur Jésus-Christ en l'église de Notre Dame de la Peña, voyant clairement l'immense don que Dieu avait fait aux hommes en voulant naître pour leur rédemption, je ressentis le désir de compenser de quelque manière cette grâce céleste" et intérieurement elle prend alors l'engagement de consacrer sa virginité au Seigneur.
A l'âge de 13 ans elle obtint la permission de suivre sa vocation religieuse. Le Seigneur révéla à la mère de la jeune Marie qu'il voulait que son mari allât rejoindre ses deux fils religieux de l'ordre de Saint-François, et qu'elle-même, avec Marie et sa soeur, devaient être religieuses Franciscaines dans sa maison transformée en couvent . Elle consacrait ainsi au service de Dieu la famille entière, c'est-à-dire, les parents et les 4 enfants, seuls survivants sur onze, et tout son bien.
Statue de l'Immaculée Conception
Marie d'Agreda tenait fermement à cette vérité révélée
Marie d'Agreda entre en religion
Malgré de nombreuses difficultés, trois ans après, en 1618, tout se réalisa, et Marie s'appela Soeur Marie de Jésus.
Au couvent, elle fut remarquable par son humilité et par son obéissance. Le 2 février 1620 elle reçut le voile ainsi que sa mère ; la profession de sa soeur fut différée car elle n'avait point encore l'âge. La huitième année de la fondation du couvent, et dans la vingt-cinquième de son âge, elle devint supérieure de son couvent.
Après quelques années Dieu éleva cette pauvre fille si simple aux connaissances les plus sublimes de la théologie dogmatique et mystique, lui communiquant la science infuse avec l'usage des termes propres, de sorte qu'elle put exprimer et faire comprendre ce qui lui a été révélé sur les plus grands mystères, et particulièrement sur tout ce qui avait rapport à la très sainte Vierge Marie.
Elle atteint les plus hauts sommets de la vie mystique ; le 14 mars 1653 Jésus lui apprend que désormais après avoir communié elle conservera en son âme la présence réelle d'une communion à la suivante.
Un autre événement de sa vie manifeste la grandeur de sa sainteté : sans quitter sa cellule, par une grâce de bilocation, elle participe à l'évangélisation du nouveau monde, parcourt des régions sauvages, prêche et à l'occasion possède le don des langues. Ce phénomène dura plusieurs années, et ainsi elle se rendit une centaine de fois en Amérique. Les témoignages des Indiens, évangélisés par une mystérieuse dame habillée en religieuse, établissent que cela ne peut être que soeur Marie de Jésus. Elle même décrivit les moeurs et la région des Indiens avec une telle précision qu'elle ne pouvait qu'avoir été sur place.
La renommée de Marie d'Agreda
La sainteté de la Mère Marie de Jésus ne resta pas longtemps cachée ainsi que ses grâces mystiques et l'étendue de ses charismes. Tout cela occasionna de nombreuses visites de quelques importants personnages laïcs ou religieux : plusieurs nonces, dont un futur pape Clément IX, des évêques, des théologiens. Le roi d'Espagne lui rendit trois visites dont la première fut en 1643 et une correspondance régulière, près de 700 lettres, s'établit pendant 22 ans, interrompue seulement par la mort. Mais plus fréquemment, se présentaient à la porte du couvent ceux qui, en quête de secours ou de conseils et de réconforts, savaient qu'ils trouveraient là la guérison morale espérée et l'aide matérielle nécessaire. Avant sa mort près de 60 miracles lui étaient attribués.
Le fait suivant montre combien sa renommée de sainteté était grande : lorsque la nouvelle de sa dernière maladie se répand la ville d'Agreda, amis et fidèles se mettent en prières, la municipalité organise 3 jours durant des procession avec le clergé paroissiale et les diverses confréries de la ville, l'on apporte au couvent les statues du Christ et de la sainte Vierge les plus révérées de la région.
Icône de l'Assomption
Marie d'Agreda croyait à ce dogme
Rédaction de ses communications surnaturelles
Marie d'Agreda reçut l'ordre de Dieu d'écrire les grandes choses qui lui étaient manifestées, mais, en raison de son sentiment d'indignité, c'est seulement après une dizaine d'années que Marie d'Agreda prit enfin la décision d'écrire ce que le Ciel lui avait révélé en obéissance à Jésus et Marie et surtout à ses supérieurs qui pendant ces dix ans l'importunèrent en ce sens.
Elle écrit deux fois ses révélations ; elle brûla le premier écrit, commencé en 1637, mais sur l'ordre de ses supérieurs elle dut reprendre le travail qui est sans aucun doute meilleur que le premier puisque elle bénéficia de nouvelles et abondantes lumières divines, comme on peut en conclure des paroles de Jésus et de Marie :
A cette occasion Jésus lui dit : "écris-la (la vie de ma très sainte Mère) une seconde fois, afin que tu y ajoutes ce qui y manque, et que tu imprimes dans ton coeur sa doctrine. Cesse donc d'irriter ma justice et d'être ingrate à ma miséricorde en brûlant ce que tu en écriras..."
Et voici ce que dit la Mère de Dieu sur le même sujet : "Ma fille, tu n'as pas encore tiré le fruit nécessaire à ton âme de l'arbre de vie de mon histoire, que tu as écrite et tu n'es pas arrivée à la moelle de sa substance... je lui (à la Bonté divine) ai demandé la permission d'embellir et de parer ton âme de mes propres mains, et de la très abondante grâce qu'il m'a communiquée, afin que tu écrives une seconde fois ma vie sans t'amuser au matériel, mais seulement au forme et au substantiel que tu y trouveras..."
Ainsi heureuse faute que la destruction du premier manuscrit sur le conseil d'un confesseur d'occasion et peu éclairé, car cela nous a valu un meilleur récit. C'est le 8 décembre 1655 qu'elle commença la deuxième rédaction.
Mère Marie de Jésus mourut le jour de la Pentecôte 1665 en appelant son divin Maitre par ces paroles d'amour et de désir de l'union parfaite : "Viens, viens, viens". Sa dépouille mortelle est restée intacte. Elle fut considérée comme sainte par ses contemporains. Le pape Clément X décerna à cette fidèle servante du Seigneur, le titre de Vénérable, et il signa les lettres pour introduire la cause de béatification.
Dans un prochain article nous nous interrogerons sur le crédit à donner à son oeuvre magistrale, comment elle a été examinée par l'autorité de l'Eglise, et pourquoi la vénérable Marie d'Agreda n'a pas été béatifiée. Ensuite, nous nous promènerons dans la Cité Mystique pour contempler quelques uns de ses beaux joyaux.