Nous avons rappelé l'histoire de la sainte Croix du Christ et spécialement la portion et qui demeura à Jérusalem qui, au VIIème siècle, fut divisée en plusieurs morceaux. Il nous reste à voir comment la sainte Croix Baugé provient de ce partage et comment elle tomba en possession de ce pieux chevalier angevin qui s'était croisé. Ce chevalier s'appelait Jean d'Alluye, seigneur de Châteaux et de Saint-Christophe, baronnies situées aux confins de l'Anjou et de la Touraine.
Le gisant de jean II d'Alluye
Source : https://www.templedeparis.fr/2016/06/19/gisant-de-jean-ii-d-alluye-1180-1248/
Une relique de la sainte Croix en Crète
Parti en 1239 pour la Terre Sainte, le noble chevalier se distingua par sa bravoure et sa piété. Il fut très utile et rendit de grands services aux chrétiens. Notamment sur l'île de Crète, qu'il protégea contre les attaques des barbares. En récompense de ses exploits et de sa piété, il reçut des reliques en grand nombre, dont une relique de la vraie Croix qui est devenue la vraie Croix de Baugé. Ces donations sont authentifiées par une charte de 1241 rédigée par Thomas, évêque d'Hiérapetra et d'Acadie, deux villes de l'île de Crète.
La vraie Croix de Daugé à Constantinople
Voici le passage capital :
"Il nous a semblé bon lui (à Jean d'Alluye) faire présent d'une certaine pièce du salutifère bois de la Croix vivifiante, que Gervais, d'heureuse mémoire, patriarche de Constantinople, portait quand il allait au combat contre les ennemis de la Croix".
Gervais, dont il est fait mention, était patriarche de Constantinople entre 1211 et 1219, c'est-à-dire durant la période de l'empire latin d'Orient qui débuta après la prise de Constantinople par les croisés en 1204. Il peut être surprenant que le patriarche de Constantinople ait donné une telle relique à l'évêque crétois. Il ne faut pas oublier que Gervais était un italien de Toscane, nommé directement par le Pape,au patriarcat de Constantinople. Il n'avait sans doute pas un attachement jaloux aux trésors de ce patriarcat, d'autant plus que Constantinople regorgeait de reliques.
Constantinople : capitale de l'empire romain
source : https://www.theodysseyonline.com/constantinople
La croix de Baugé : une portion authentique de la vraie Croix
Ainsi nous pouvons retracer le chemin de la vraie Croix de Baugé :
Jérusalem - Constantinople - Chypre - Anjou
De fait, il reste un doute au niveau de l'arrivée de cette croix à Constantinople, nous n'avons certes aucun document écrit, aucun témoignage qui nous assure que cette croix que le patriarche Gervais a donné, était bien une des petites croix qui provenaient du morceau de la vraie croix gardé à Jérusalem. Pourtant le témoignage du Patriarche Gervais qui considérait cette croix comme un morceau de la vraie Croix est un argument en faveur de l'authenticité de cette relique de la vraie Croix. Nous pouvons donc conclure que nous avons une certitude morale que la Croix de Baugé est un morceau de la vraie Croix du Christ, car cette certitude repose en partie sur des documents authentiques et en partie sur des témoignages dignes de foi.